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Le Centrisme nest pas seulement
un courant politique typiquement français. Bien au contraire. Beaucoup de pays ont ainsi
des partis ou des hommes politiques centristes.
Dans le monde entier, des partis centristes ou au centre de l'échiquier politique
existent. Ainsi, la première "alternance" de la démocratie japonaise a permis
au parti centriste de prendre la place du parti conservateur. En Inde, le Parti du
Congrès, initialement à gauche, est aujourd'ui considéré comme un parti de
centre-gauche, voire du Centre.
La tradition centriste est forte dans de nombreux pays comme l'Italie et se développe
dans d'autres comme les Etats-Unis où les deux grands partis (Républicain et Démocrate)
possèdent des courants centristes même si depuis l'indépendance du pays un courant
modéré a toujours existé.
Il est a noté que, dans le mouvement de démocratisation qui touche la planète, de
nombreux partis centristes ont vu le jour ces dernières années, notamment sur le
continent africain, que ce soit en Afrique noire ou au Maghreb. Reste que, dans les pays
arabes, par exemple, le courant dit "centriste" est souvent celui qui se place
à équidistance des partis laïcs et des parti religieux. Néanmoins, on y trouve, tout
de même, des partis centristes laïcs proches de la pensée centriste traditionnelle.
Etats-Unis
Il existe aux Etats-Unis plusieurs partis centristes qui ne
représentent que peu de militants et peu d'électeurs. En revanche, il existe une
sensibilité centriste depuis l'indépendance, à la fois, au niveau des politiques que de
la populations.
Ainsi, dès les premiers présidents américains, on note une tendance à gouverner au
centre, comme c'est le cas avec George Washington, le héros de la Guerre d'indépendance
et premier président des Etats-Unis.
Néanmoins, le courant centriste trouve son premier héros en Abraham Lincoln, celui qui
fonda le Parti républicain et sortit vainqueur de la Guerre de Sécession, cette terrible
guerre civile qui fit plus de 600.000 morts. Mais s'il est vénéré aux Etats-Unis, c'est
moins pour sa décision d'abolir l'esclavage que pour avoir été le défenseur, contre
vents et marées, du système démocratique. A l'époque, seuls les Etats-Unis étaient
une démocratie et il voyait dans la menace sécessionniste, le possible dispartion sur
terre de tout régime démocratique.
Le deuxième héros du Centrisme américain est Théodore Roosevelt, membre du Parti
républicain et qui, de conservateur modéré, évolua vers un positionnement centriste,
défendant la liberté mais aussi la solidarité et le droit des citoyens au moment où
les grandes entreprises tentaient de mettre la main sur l'économie américaine en formant
des "trusts". Il tenta même, après deux mandats et un intermède de quatre
ans, de revenir au pouvoir avec un programme, le "square deal", considéré par
ses opposants comme un programme "socialiste", mais qui était en réalité un
programme centriste qui ressemble beacoup à celui de Barack Obama aujourd'hui.
Notons que Théodore Roosevelt fut le premier à proposer une assurance santé pour
l'ensemble de la population mais que son projet échoua.
On trouve ensuite plusieurs présidents "modérés" qui gouverneront au centre
de l'échiquier politique comme Dwight Eisenhower ou John Kennedy ou même encore Richard
Nixon car ce dernier ne remit absolument pas en cause, malgré sa vision très à droite
de la société américaine, le consensus social issu de la Deuxième guerre mondiale.
Mais c'est Lyndon Johnson qui, dans les années soixante, avec sa "Great
society" permit aux idées centristes d'être, à nouveau, à l'honneur.
Dans les années 1990,une partie des membres du Parti Démocrate
se disent centristes (ainsi qu'un certain nombre de membres du Parti Républicain). Devant
l'évolution du corps électoral, une partie du Parti Démocrate a choisi de
"gauchiser" son discours alors qu'une autre, ne voulant pas se couper de
l'électorat modéré, a choisi une voie plus consensuelle. Cest le cas, par
exemple, de Hillary Clinton, sénatrice de New York et femme de l'ancien président Bill
Clinton (lui aussi étiqueté du centre et inventeur de la "troisième voie"
dont s'est inspiré Tony Blair au Royaume Uni) accusée par l'aile gauche du Parti
Démocrate d'être trop à droite. Il existe même une organisation fondée récemment
« The Third Way » ( La Troisième Voie) qui se veut une alternative entre la
Droite républicaine et la Gauche démocrate en ayant un discours à la fois libéral et
social.
Car, alors que le Parti démocrate faisait un pas vers le Centre, le Parti républicain,
lui, se radicalisait à droite, voire à l'extrême-droite sous la pression de mouvements
religieux fondamentalistes mais aussi de fanatiques qui haïssent le "Big
government" de Washington et qui ne veulent pas payer d'impôts et sont même prêts
à des actions violentes (un certain nombre d'entre eux font partie de milices armées
prêtes à en découdre). Du coup, une grande partie des modérés républicains a
disparu.
La victoire de George W Bush et sa présidence ont radicalisé la politique aux
Etats-Unis. Le "virage à droite" que le pays a semblé prendre entre 2000 et
2008 a obligé le Parti démocrate à se positionner beaucoup plus au centre de
l'échiuqier politique, voire au centre-droit. C'est là que l'on a vu l'émergence de
démocrates conservateurs que l'on appelle les "Blue dogs". Ils ont souvent
été élus dans des circonscriptions à majorité républicaine et ont souvent adopté
des positions iconoclastes par rapport à la majorité du parti.
La victoire de Barack Obama à la présidentielle de 2008,
au-delà de l'événement historique de l'élection du premier Noir à la tête de la
première puissance mondiale, consacre aussi la victoire d'un homme qui s'est toujours
défini comme centriste. Depuis son entrée en fonction le 20 janvier 2009, il n'a cessé
de mettre en oeuvre des mesures centristes et une visions de la gouvernance centriste, au
grand dam de la gauche du Parti démocrate et à la grande fureur des républicains dont
l'obsession est de le faire perdre en novembre 2012 lors de la prochaine présidentielle
pour en faire un "one-term president".
Barack
Obama, cet indécrottable centriste
Les attaques contre Barack Obama après le compromis sur le relèvement du plafond
de la dette des Etats-Unis, voté, in extremis, par les Républicains et les Démocrates
au Congrès ont été dune rare violence. Et elles sont venues des deux bords de léchiquier
politique.
Voilà un type faible, un homme politique inconsistant qui ne fait pas le poids,
qui recherche obsessionnellement le consensus, qui ne veut pas prendre de risques, qui nest
pas capable de prendre des décisions difficiles et tranchées, qui nest
décidemment pas le «commandant en chef» dont la plus grande puissance mondiale a
besoin. Un centriste, quoi!
Le gros mot est lâché. Que ce soit aux Etats-Unis où les gens de gauche sétranglent
de colère devant ce renégat et les gens de droite se gaussent de ce président
transparent. Que ce soit en Europe où ces mêmes gens de gauche se sentent trahis et les
gens de droite découvrent un leader qui nest pas le «leader du monde libre» à la
mode Reagan ou à la mode George W Bush.
Oui, Barack Obama est un centriste. Et, non seulement, il le revendique mais, en
plus, il agit en tant que tel. Inconcevable!
Cette «manie» centriste comme lappelle le mensuel français proche de lextrême-gauche,
Le Monde diplomatique, le perdra, annonce tous les analystes et experts qui ont la
particularité de se tromper nettement plus souvent que Paul Le Poulpe mais qui ont
oublié une chose fondamentale
Barack Obama na jamais dit quil était
autre chose quun homme du Centre et il sest toujours présenté comme tel
devant les électeurs en 2008.
Et ce centriste, qui est voué aux gémonies depuis son accession au pouvoir par
les gens de gauche et de droite (noublions pas les attaques outrancières dont il
est victime depuis son élection), est pourtant celui qui, en à peine deux ans, a le plus
réformé son pays de tous les présidents des Etats-Unis. De la réforme de lassurance-santé
à la réforme du système financier, il a accompli un travail législatif qui navait
jamais été réalisé jusquà présent, même pas par Franklin Roosevelt et son New
Deal ou Lyndon Johnson et sa Great Society.
Il a mis en place le plan de sauvetage de léconomie («stimulus paackage»)
le plus important jamais vu dans le monde au moment où la «Great Recession» de
2008-2009 sest abattue sur les Etats-Unis et le monde entier. Un plan qui, selon
tous les économistes sérieux, a empêché le naufrage du pays même sil na
pas réussi à faire repartir la machine économique autant quespéré.
En outre, il a mené, dans lombre la traque réussie dOssama Ben Laden
qui a été tué lors dun raid au Pakistan. Il est venu en aide à lindustrie
automobile, pourvoyeuse demplois, quil a sauvé de la disparition. Il a mis
fin à la ségrégation des homosexuels dans larmée américaine. Il a presque
terminé la guerre en Irak et va rapatrier une bonne partie des soldats américains dAfghanistan.
Il a nommé le premier représentant de la communauté hispanique à la Cour Suprême,
Sonia Sotomayor, etc.
Durant la première année de son mandat, sur les 502 promesses quil avait
faites lors de sa campagne, Barack Obama en a réalisées 91 et a fait des progrès sur
285 autres selon le site PolitiFact.com.
Pour un faible qui ne sait pas prendre de décisions, on repassera!
Néanmoins, il est vrai quil existe une vraie incompréhension de qui est le
«vrai» Barack Obama par une partie de la population américaine notamment pour nombre de
gens qui ont voté pour lui en 2008. Ils nont pas compris ce quétait le
changement quil proposait alors, croyant quil allait révolutionner le pays
ou, tout au moins, quil allait agir dans le sens quils voulaient quil
agisse.
Ceci est dû, en partie, à la campagne du candidat Obama à la Maison Blanche et
aux slogans quil a utilisés. Il avait ainsi joué intelligemment de ceux-ci en ne
se présentant pas comme le vecteur principal de sa propre campagne mais en faisant que ce
soit le «changement» («Change, we can beleive in») qui le soit. Un changement que
chacun pouvait sapproprier pour en voir ce quil désirait («Yes, we can!»).
Du coup, cette campagne, aussi géniale fut-elle en termes de communication,
portait en germe cette incompréhension puis cette déception perceptibles chez de
nombreux Américains.
Pour autant, David Axelrod, le principal conseiller de Barack Obama, a toujours
expliqué que le changement prôné par ce dernier sappuyait sur trois piliers
identifiables: réunir le pays, revitaliser le «bipartisan government» à Washington
afin de donner une large place au consensus et lutter contre les intérêts particuliers.
Un changement centriste.
Noublions pas, non plus, que, dans ses discours et ses déclarations, Obama
est demeuré proche de sa vision de la politique et de celle des Etats-Unis, sans essayer
de tromper qui que ce soit sur ses objectifs.
Il a toujours professé une vision centriste de la politique, de léconomie
et du rêve américain quil se proposait de revitaliser.
En même temps, il a été pris dans la tourmente de la crise économique venue des
inconséquences de son prédécesseur. Et lon peut dire que Barack Obama, en
décidant de sattaquer sans attendre à cette crise dès la fin de 2008, a pris ses
fonctions bien avant le terme de la présidence de George W Bush et de sa propre
intronisation le 20 janvier 2009, endossant par là-même, les erreurs de ce dernier qui
lui sont imputées aujourdhui par de nombreux Américains qui, sils voient
bien en lui celui qui a pris les décisions difficiles pour éviter que le pays ne plonge
dans une crise encore plus profonde que celle de 1929 au moment où celle-ci se mettait en
place, voient aussi en lui celui qui a pris les premières mesures controversées alors
que celles-ci viennent de lAdministration Bush (comme le plan Paulson de sauvetage
des banques) et que la crise a bien commencé sous le gouvernement de cette dernière (la
crise des subprimes et le naufrage de ces mêmes banques qui sen est suivi et qui
étaient responsables de celle-ci).
Barack Obama nest pas le messie, ni de près, ni de loin, venu sauver les
Etats-Unis de tous les maux comme la espéré une grande partie du peuple
américain, même beaucoup de ceux qui nont pas voté pour lui.
Cet investissement démesuré dans un homme qui pouvait symboliser la repentance
des pêchers passés (lesclavagisme et le racisme endémique du Sud) et, en même
temps, le renouveau du rêve américain avec le retour de la grandeur et de lopulence
passées du pays, le tout dans une pureté morale aux idéaux professés depuis lindépendance,
ne pouvait que se fracasser devant la réalité de lAmérique et du monde actuels.
Une réalité que Barack Obama na jamais niée, bien au contraire. Pour lui,
il était essentiel de faire prendre conscience aux Américains, du monde dans lequel ils
vivent afin de pouvoir mettre en place les réformes responsables dont le pays a un urgent
besoin.
Réalisme, réformisme, responsabilité, pragmatisme, consensualisme sont les
termes qui définissent sa gouvernance. Autant de termes dune politique centriste.
Autant de termes qui sont à lopposé de ceux utilisés par les politiciens de
droite et de gauche. Autant de termes qui ne vont pas de pair avec leurs clientélismes
politiques destructeurs. Autant de termes qui, malheureusement, peuvent aussi plomber une
popularité et même faire perdre une élection
(Editorial d'Alexandre Vatimbella publié en 2011)
Grande Bretagne
Le parti qui ressemble le plus à un parti
centriste par son programme et ses valeurs a été
le New Labour de Tony Blair
jusqu'à la défaite de Gordon Brown, son successeur comme premier ministre, en 2009 aux
élections législatives et non le « troisième parti », les Libéraux,
devenus les Libéraux-démocrates, dirigé par Nick Clegg, qui reprochent à Blair et à
Brown dêtre trop à droite
.
Le programme du New Labour n'était pas un socialisme libéral mais bien un libéralisme
social puisque l'initiative privée est la base économique sur laquelle s'appuyait les
gouvernements travaillistes de Tony Blair et de Gordon Borwn. Selon celui-ci, les services
publics doivent avoir l'efficacité du privé. Ce qui n'empêche pas des programmes
ambitieux en matière sociale et d'éducation (même si le système éducatif semble assez
mal en point actuellement). Le New Labour était dans le courant créé par Bill Clinton
aux Etats-Unis, la troisième voie qui souhaitait que la gauche renouvelle son discours
après les succès de Reagan et de Thatcher et de leurs idées. Une gauche centriste
dépoussiérée de ses archaïsme et reconnaissant les valeurs libérales (au sens
européen). Tony Blair a également imprégné d'une idéologie chrétienne sociale depuis
toujours.
Le paradoxe des Libéraux démocrates est d'avoir combattu les Travaillistes sur leur
gauche avant de s'allier, après les élections législatives, avec les Tories
(conservateurs)! Cette alliance gouvernementale a d'ailleurs créé, dès le départ, un
malaise parmi les militants du parti. Toujours est-il que Nick Clegg est devenu le
vice-premier ministre et qu'il a soutenu les mesures d'austérité nécessaires pour que
la Grande Bretagne ne s'effondre pas. Du coup, alors que les Libéraux démocrates
bénéficiaient d'une grande popularité, celle-ci s'est effondrée et si des élections
avaient lieu actuellement (fin 2011), le parti serait sans doute balayé. Pour autant, par
son positionnement très pro-européen, il a des ancrages au centre évident.
Italie, Allemagne, Pays Bas
Les partis centristes sont souvent ceux qui se
disent démocrates chrétiens. Cependant, leurs pratiques du pouvoir les a souvent
« droitisés ». En Italie, aujourdhui, cest le « parti de
lOlivier » qui semble être le parti centriste à la suite de la
quasi-disparition des Démocrates Chrétiens. Il faut rappeler que la constitution de
partis démocrates chrétiens après la deuxième guerre mondiale en Europe répondait à
une volonté de pratiquer un libéralisme teinté de christianisme social à l'image
du MRP en France. Cependant, au fil des ans, tout comme en France, l'électorat des partis
démocrates chrétiens s'est de plus en plus identifié avec celui de la droite. D'où
l'émergence de partis sensés occuper l'espace politique libéré par cette
"drotisation" (comme les libéraux de FPD en Allemagne).
Autres pays européens
Il y a des formations du Centre dans la plupart
des pays européens qui ont vocation à gouverner. La seule vraie exception notable est en
Espagne où il n'y a qu'un petit parti centriste qui n'a remporté que cinq sièges lors
des dernières législatives en novembre 2011 (ce qui lui a quand même permis d'en gagner
quatre d'un coup!).
Dans les pays nordiques, la plupart des formations politiques ont des programmes modérés
même sielles se positionnent plutôt à droite ou à gauche.
En Irlande, le pays est gouverné soit au centre-droit, soit au centre-gauche avec deux
formations très proche l'une de l'autre. La Pologne, la Bulgarie et les anciens pays de
l'Est ont également des partis centristes qui occupent ou ont occupé le pouvoir.
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