En
ressortant de la naphtaline de nombreux centristes des placards dans lesquels il les avait
lui-même enfermés, de Philippe Douste-Blazy à Jean-Pierre Raffarin, en donnant de la
visibilité à dautres, bien ancrés dans lUMP, de Jean-Louis Borloo à
Marc-Philippe Daubresse, sans oublier sa récente rencontre avec François Bayrou, quel
jeu joue Nicolas Sarkozy?
Veut-il donner un
espace au Centre? Veut-il saccaparer lespace au centre? Cherche-t-il à
réunifier le Centre ou à le morceler encore plus? Pense-t-il que celui qui occupera lespace
au centre remportera la présidentielle de 2012? Comment analyser le comportement actuel
du chef de lEtat dans ce domaine?
En voulant réunir
la droite extrême (Philippe de Villiers, Frédéric Nihous), la Droite et le Centre dans
la majorité présidentielle mais aussi dans un parti unique, lUMP, la réponse
pourrait être sans équivoque. Nicolas Sarkozy souhaite incarner tout la Droite, de lextrême-droite
au centre-droit. Mais le Président de la république nest pas né de la dernière
pluie, non plus. Il sait que cela a toujours été impossible. Ou la Droite penche vers
ses extrêmes ou elle penche vers ses modérés quand elle a besoin délargir son
assise électorale. Et incarner, à la fois, les aspirations des électeurs de Jean-Marie
Le Pen et ceux de François Bayrou semble bien utopique en létat
Le moins que lon
puisse dire est que la lisibilité de sa stratégie nest pas très claire et on
pourrait même dire quelle ne doit pas lêtre pour lui, aussi! Devant les
velléités de refondation du Centre, il pourrait et devrait se réjouir puisque le jeu
des alliances en ferait le principal bénéficiaire dans le cas où il se retrouverait au
second tour de la présidentielle de 2012 face à un candidat de gauche. Cependant, cette
hypothèse ne prend pas en compte sa cote de popularité si basse en ce moment quil
craint dêtre débordé sur sa droite mais aussi sur sa gauche et ouvrir la voie à
un possible candidat outsider venant de lextrême-droite comme en 2002 ou du Centre
comme en 1974.
Du coup, sa
volonté dincarner toute la Droite a une justification: ne pas laisser despace
à droite et à gauche de sa majorité pour éviter dêtre mangé de tous les
côtés même si cela risque dassécher de possibles réservoirs de voix. Dautant
que la résurgence récente du Front national montre que sa stratégie est loin de tomber
sous le sens. Sans parler du Centre qui présentera, quoiquil arrive, au moins un
candidat en 2012 et qui ne peut, majoritairement se résoudre à être absorbé par une
Droite nationaliste et si peu sociale alors que les centristes se battent pour plus dEurope
et plus de social dans une société équilibrée et ouverte.
Pour linstant,
la bataille médiatique fait rage entre un président qui veut contrôler le Centre et un
Centre qui veut regagner sa crédibilité. Et à ce jeu là, cest Nicolas Sarkozy
qui a pris une longueur davance en réussissant à poser les termes du débat
actuel, le Centre comme réservoir de voix pour la Droite en vue de la présidentielle. On
espérait que certains médias sérieux et indépendants ne tomberaient pas dans cette
vision restrictive de ce quest le Centre. Cela na guère été le cas,
malheureusement.
Mais il reste du
temps aux centristes pour faire accepter les vrais termes du débat qui sont ceux de la
pensée centriste qui ne se dissout ni dans celle de droite, ni dans celle de gauche et de
lintérêt pour la France dun programme de gouvernement centriste. La
première victoire de la refondation centriste sera leur capacité à se montrer crédible
aux yeux des Français sur ces deux points cruciaux.
Alexandre
Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis
Pommery
Directeur des études du CREC
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