LE CENTRISME

  briand.jpg (11139 octets)Photo%20Giscard%20JPEG.jpg (21273 octets)simone_veil.jpg (6634 octets)clinton.jpg (49939 octets)Tony%20Blair%20CMYK.jpg (64795 octets)rschyuman.jpg (22641 octets)Jules%20Ferry.gif (96994 octets)delors1.jpg (9503 octets)  

          

LE SITE POLITIQUE DU CENTRE & DU CENTRISME

POURQUOI LE CENTRISME EST UN LIBERALISME SOCIAL

 

Le Centrisme est un libéralisme social parce qu’il estime qu’une communauté humaine doit reposer sur la liberté naturelle mais que celle-ci ne peut, seule, la régir entièrement. Elle doit s’équilibrer par une association entre cette liberté et un solidarisme. Cette association est fondatrice du nécessaire lien social que toute société se doit d’instaurer entre ses membres, lien social qui est lui-même à la base du consensus politique légitimant un régime démocratique.

Libéral par nature et par raison
Le Centrisme est un libéralisme par nature, parce qu’il reconnaît la dimension de la personne libre et responsable comme loi naturelle, et par raison, parce qu’il considère que seule la liberté permet l’édification d’une société développée tant sur le plan économique, social et culturel.

Le libéralisme c’est la reconnaissance de « biens propres » (John Locke) à l’être humain « sa vie, sa liberté, ses richesses » que Frédéric Bastiat nomme « La personnalité, la liberté, la propriété ». C’est « trois choses », comme les baptise ce dernier, préexistent aux lois et à la société. Et la liberté, ainsi que l’estime Alexis de Tocqueville, en est la pierre angulaire ce qui lui a inspiré l’idée que chaque personne était le meilleur juge de ses propres intérêts. Mais il affirme, dans le même temps, que la liberté permet une émancipation de l’être humain et peut lui procurer des « passions plus énergiques et plus hautes » que « l’amour du bien-être ».

Ainsi, c’est parce qu’il est une personne qui jouit d’une liberté que l’être humain peut, par son travail, acquérir des biens et se constituer une propriété constituée de richesses. Cette liberté suppose qu’il n’y ait pas d’entraves à sa volonté d’entreprendre au sens large, sauf s’il s’attaque aux biens propres d’autrui (dans une société purement libérale, l’Etat n’a comme mission unique que de protéger ces « trois choses »). Dès lors, poussant la logique jusqu’au bout, certain libéraux, dans le sillage de la pensée de Locke, affirment que les lois du marché, dogmes indépassables, doivent s’appliquer aux rapports entre les personnes. Pour eux, tout est marchand, tout à une valeur marchande au sens large, une valeur d’échange économique (c’est-à-dire que l’échange peut s’apprécier en terme de richesses échangées).

C’est sans doute aller trop loin. Tous les rapports humains ne peuvent se résumer à un relationnel « économique ». Cela serait faire fi, par exemple, d’un relationnel affectif où le don de soi prédomine car même si une satisfaction est éprouvée par celui qui fait ce don, celle-ci ne saurait se réduire à une valeur marchande. D’autant que, contrairement à ce que prétend Locke, il est faux de prétendre que notre être est notre propriété : c’est notre essence. Nous pouvons en faire librement ce que nous voulons parce que nous sommes et que nous agissons et non parce que nous nous possédons. Ainsi, comme l’explique Emmanuel Mounier « La personne n’est pas un objet. Elle est même ce qui dans chaque homme ne peut être traité comme un objet ». Et si nous pouvons « marchandiser » dans une certaine limite notre corps et notre esprit, cette possibilité n’est pas de même nature que la liberté qui est, pour le chrétien Mounier, « constitutive de l’existence créée ». Voire les relations humaines affectives (amour, amitié, solidarité, charité, etc.) uniquement sous le prisme d’une valeur marchande revient à nier la part de la personne humaine qui, en chacun de nous, est élan moral et spirituel.

Reste que la liberté est bien au centre du libéralisme. Mais elle n’acquiert sa véritable valeur que si on lui adjoint son corollaire, la responsabilité. Une responsabilité à double détente. La personne humaine est responsable de sa vie  mais aussi responsable de ses actes et doit en rendre compte à la communauté si ceux-ci transgressent l’ordre social en s’attaquant à autrui.

Dans cette vision, l’Etat se révèle un outil au service des personnes afin de réguler leurs rapports sociaux dans le cadre d’une sécurité au sens large mais sans interférences nuisibles dans l’expression positive de la liberté, c’est-à-dire celle qui ne nuit pas aux autres. Comme l’explique Montesquieu, « La liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent ; et si un citoyen pouvait faire ce qu’elles défendent, il n’aurait plus de liberté, parce que les autres auraient tout de même ce pouvoir ».

Dès lors, ainsi que le déclare Emmanuel Kant, « Ce n’est que dans la société, et plus précisément dans celle où l’on trouve le maximum de liberté, par là même un antagonisme général entre les membres qui la composent, et où pourtant l’on rencontre aussi le maximum de détermination et de garantie pour les limites de cette liberté, afin qu’elle soit compatible avec celle d’autrui ; ce n’est que dans une telle société, disons-nous, que la nature peut réaliser son dessein suprême, c’est-à-dire le plein épanouissement de toutes ses dispositions dans le cadre de l’humanité ».

De cette liberté découle automatiquement une égalité juridique, c’est-à-dire que cette liberté est garantie à tous (« Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. » article 1er de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789). Ceci signifie que nul ne peut bénéficier de droits liés à la naissance ou à un quelconque statut social supérieur à celui des autres. La liberté est la même pour tout le monde. Mais cela ne signifie pas une égalité sociale et économique automatique, c’est-à-dire une « fraternité » pour reprendre la devise de la République française (« Liberté, Egalité, Fraternité).

Social par éthique et par respect
Tout part donc de l’individu qui possède la liberté comme faculté inaliénable. Cependant, cet individu n’est rien si on ne lui reconnaît pas son existence vis-à-vis de l’autre en lui donnant le statut inaliénable de personne quel que soit sa position sociale et économique.

Ainsi le Centrisme se définit comme un libéralisme social au sens où il se préoccupe de la « capacité d’un exercice effectif » des droits reconnus à chaque personne comme le disait Raymond Aron. Le social doit permettre une recherche de l’égalité sociétale de la personne : chacun doit pouvoir posséder effectivement la liberté et la possibilité d’acquérir des biens. Cette égalité sociétale ne vise pas à faire de tous un être uniforme comme le souhaite les idéologies collectivistes. Au contraire, il désire émanciper la personne en lui permettant d’utiliser effectivement sa liberté dans sa différence.

Dans cette optique, un encadrement juridique égalitaire ne suffit pas à garantir cette égalité sociétale car nos sociétés modernes sont très imparfaites (même si, par définition, toute collectivité humaine possède une imperfection irréductible). Afin de palier aux imperfections sociales les plus criantes, le Centrisme prône un solidarisme surtout destiné aux plus faibles de la communauté ainsi qu’aux familles.

Cette solidarité peut être spontanée, initiée par les individus eux-mêmes. C’est la meilleure solidarité car elle repose sur un fondement moral. Malheureusement, il n’est pas possible de s’en remettre à elle seule. Dès lors, en tant qu’outil au service de la communauté, l’Etat doit intervenir dans le mécanisme de solidarité, notamment dans un cadre réglementaire (dans ce que l’on nomme les « droits économiques et sociaux » qui garantissent la jouissance des droits politiques). Ainsi, comme l’exprimait déjà au XIX° siècle, Lacordaire, « Entre le faible et le fort, entre le pauvre et le riche, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit ».

A ce stade, le philosophe américain Thomas Nagel pose une question essentielle : « Jusqu’à quel point est-il légitime d’exiger de l’individu qu’il contribue au bien-être des autres ? » La réponse peut se décliner de deux manières. La première, réaliste, est que l’ordre social est bien mieux assuré lorsque existe la paix sociale. La redistribution est alors un outil de la préservation de la société. Mais cette réponse ne suffit pas. La deuxième, éthique, fait appel à la dimension de l’être humain dans la communauté. En tant que personne, son devoir est d’aider celui qui s’est associé avec lui et qui est aussi une personne. Ce devoir de solidarité que l’être humain porte en lui doit se traduire au plan politique car, comme le dit Victor Hugo, « Sans perspectives sur le plan social, la politique n’est que du vent ». Sans solidarité entre ses membres, une société manque d’éthique et de respect. Néanmoins, cette solidarité n’est pas extensible à tous les secteurs de l’activité humaine. Sa fonction redistributrice doit s’appliquer, en  priorité, en matière de protection sociale (santé, retraite, emploi, logement) et d’éducation.

Ainsi, comme le souligne John Rawls, l’équité requiert, tout à la fois, une égalité de certains « biens premiers » comme les libertés fondamentales et une distribution selon un « principe de différence » d’autres de ces biens comme la richesse et le revenu en faveur des plus défavorisés. C’est cela le libéralisme social.